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4.9 millions d’haitiens.nes en insécurité alimentaire

Pas moins de 4,9 millions de personnes sont en insécurité alimentaire aiguë et nécessitent une assistance humanitaire urgente en Haïti, révèle la Coordination nationale de la Sécurité alimentaire (CNSA) dans son dernier rapport. Cette projection pour la période de mars à juin 2023 accuse une hausse de 48 à 49 % par rapport aux prévisions précédentes.


Cantine Mobile - CP : FAES


En 2023, la faim fait encore rage en Haïti alors que selon les ODD adoptés depuis 2015, d’ici 2030, elle devrait être éradiquée dans le monde. Selon le précédent rapport de la Coordination nationale de la Sécurité alimentaire (CNSA), de septembre 2022 à février 2023, 4,7 millions de personnes étaient plongées dans l’insécurité alimentaire, nécessitant une aide urgente.


Ce dernier mis à jour montre que la blessure béante et la situation des ménages s’aggravent en Haïti. Selon la CNSA, cette situation est la résultante d’un ensemble de facteurs : la flambée des prix liée à la forte volatilité de la gourde par rapport au dollar américain, l’expansion de la violence des gangs qui paralyse de plus en plus les activités économiques dans l’Aire métropolitaine de Port-au-Prince, dans la péninsule Sud et dans une bonne partie du Grand Nord, les faibles performances des campagnes agricoles d'automne et d’Hiver, la résurgence de l’épidémie du choléra et la baisse de l’aide humanitaire.


Sur 32 zones analysées, 15 d’entre elles se retrouvent dans une situation critique, révèle la Coordination expliquant que les ménages de ces zones sont en proie à des déficits alimentaires extrêmes, malgré le recours à des stratégies de survie irréversibles. Il s’agit principalement des zones du grand Sud affectées par le séisme du 14 août 2021 (4 parmi les 9 zones analysées), le Haut Plateau et ses prolongements dans le Nord et l’Artibonite, le Nord-Est, le Nord-Ouest, la Gonâve et 3 communes de la zone métropolitaine les plus affectées par les activités de gangs armés (Cité Soleil, la commune de Port-au — Prince, plus précisément les quartiers les plus précaires et la commune de Croix-des-Bouquets).


Le pays ayant le coût de vie le plus élevé dans la région ?


Dans un rapport de plusieurs sources croisées de l’USAID publié récemment, Haïti a classé le pays ayant le coût de vie le plus élevé en Amérique Centrale et dans la Caraïbe. Le taux d’inflation est passé de 19,7 % à plus de 25 % entre 2021 à 2022, selon l’indice de prix à la consommation (IPC) évalué par l’Institut haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI). Avec le règne de la criminalité, les Haïtiens perdent leurs droits à un logement décent, ils se déplacent en masse, laissant leur zone respective. Décapitalisées, les familles ne parviennent pas à se nourrir.


De plus, le coût des transports augmente avec exagération. Ils sont nombreux ceux et celles qui perdent leurs emplois, augmentant le nombre de personnes en situation de chômage en Haïti. Selon le bulletin de l’Initiative conjointe de Suivi des Marchés paru en avril 2022, le coût médian du panier alimentaire en Haïti s’élevait à 18 127 gourdes. Il passe à 20 505 gourdes par ménage en ajoutant les produits hygiéniques évalués à 2 378 gourdes. À la même période, la CNSA a estimé une hausse de 50 % du prix des produits alimentaires en glissement annuel de février à mai. Les experts ont remarqué que dans ce contexte, les revenus agricoles et non agricoles ne permettent pas aux familles très pauvres de répondre à leurs besoins de base.


Par ailleurs, ils ont observé que depuis avril 2022, la pluviométrie en dessous de la moyenne a retardé le lancement des activités agricoles dans plusieurs régions du pays. Ce déclic, considéré comme le début de cette période de vache maigre, a progressé jusqu’à occasionner une situation d’urgence dans des zones importantes du pays comme dans la région de Grand « Anse, dans le sud et dans l’arrondissement de la Gonâve, département de l’Ouest.


La CNSA croit qu’en raison de la sévérité de la situation, des actions urgentes sont requises afin d’apporter un soutien à près de 50 % de la population. L’établissement du nexus entre les interventions d’urgence et celles de développement, afin de réduire la vulnérabilité des ménages, est souhaitable. Selon le rapport, les ménages agricoles décapitalisés en raison des chocs économiques, climatiques et des contre performances des campagnes agricoles antérieures nécessitent un appui immédiat pour la mise en place de la campagne de printemps 2023. Sinon, cette campagne serait grandement hypothéquée et les conditions de sécurité alimentaire de ces groupes seraient pires, conclut la CNSA.


Jean-Robert Bazile


Ce projet de contenus a eu le support de l’IFDD/OIF.

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