Ce programme, lancé par Nègès Mawon depuis environ six ans, apporte aux survivantes de violences une assistance émotionnelle, médicale, psychologique et judiciaire.
« Je suis survivante de violences, comme toutes les autres marraines. Directement ou indirectement, nos marraines savent toutes ce qu’est la violence. Depuis ces derniers temps, il est d’autant plus difficile de dire qu’une femme haïtienne n’est pas victime de ce système », confie Joeanne Joseph, d’un air préoccupé.
À travers le programme marrainage de l’organisation féministe Nègès Mawon, Joeanne et les autres marraines fournissent une assistance émotionnelle aux survivantes de violences pendant une durée indéterminée. « La marraine effectue un travail de cœur. Elle doit être attentive à sa filleule, l’accompagner pour les suivis et particulièrement lui apporter un soutien inconditionnel. C’est comme une seconde mère, disponible jour et nuit pour sa filleule en cas de besoin », précise celle qui est également la coordonnatrice du programme Marrainage.
Au cours de ces dernières années, les violences faites aux femmes et aux filles n’ont pas cessé d’augmenter. Leurs corps sont utilisés comme terrain de violence dans les guerres de territoires. Recensées par Nègès Mawon, la majorité d’entre elles proviennent des quartiers comme La Saline, Bel-Air, Cité Soleil, Saint Martin et Canaan.
« Entre janvier et juin 2023, à travers le programme de marrainage, près de 409 survivantes de violences ont reçu une assistance, médicale, juridique, psychologique et économique », a informé Mme Joseph.
L’État haïtien fait la sourde oreille
À travers le programme marrainage, Nègès Mawon, en collaboration avec d’autres organisations internationales et locales, apporte aux survivantes le maximum d’assistance possible. Toutefois, en tant qu’organisation, leur travail est limité. « Nos marraines sont toujours disponibles pour assister et accompagner les survivantes vers les institutions partenaires pour les prises en charge. Cependant, assister des dizaines voire des centaines de survivantes économiquement n’est pas chose facile. C’est le rôle de l’État », a fait savoir Joeanne Joseph.
L’organisation féministe Nègès Mawon n’a pas cessé de réclamer l’assistance du Ministère à la Condition féminine et aux Droits des Femmes (MCFDF). Sans succès. « Bien au contraire, marrainage reçoit également des survivantes orientées par le MCFDF », révèle la responsable du programme.
Ne serait-ce l’aide d’une organisation internationale et de structures de droits humains de la place comme le Réseau national de défense des Droits Humains (RNDDH) et le Bureau des Droits Humains en Haïti (BDHH), Marrainage n’aurait pas fait long feu. Dans cette liste de collaboration, les noms d’autres organisations féministes comme Marijàn et la Fondation Toya, des centres de suivis médicaux sont à inscrire alors que l’État continue de briller par son absence dans cette initiative.
Marie Année CADET
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