Entre le 24 avril et le 30 juin 2023, au moins 238 membres présumés de gangs ont été tués par la population et les « groupes d’autodéfense ». C’est ce que révèle le rapport du Service des droits de l’homme du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH).
« Frustrés par la faiblesse des institutions étatiques, des habitants armés de machettes, de pierres et de bidons d’essence ont brutalement empêché les membres de gangs et toute personne présumée affiliée à des gangs de pénétrer dans leur quartier », souligne le rapport. Le document fait état de près de 3 mille 500 personnes victimes de meurtres, de blessures et d’enlèvements en Haïti pour les 6 premiers mois de l’année.
Le niveau extrême de violence signalé en avril, la tentative du gang de Village de Dieu de s’infiltrer à Canapé Vert, Cité Gabriel, Croix-des-Près, Debussy et Turgeau a conduit à un pic sans précédent du mouvement Bwa Kale. Cette vaste opération de lynchages collectifs de « justice populaire » qui signifie « éradiquer » en créole haïtien.
Certaines victimes ont été lapidées ou mutilées. D’autres ont été brûlées vives dans les rues, tandis que la police assistait passivement à ces scènes. Des victimes ont aussi été soustraites à la garde de la police avant d’être lynchées. « Le mouvement a également été incité par des messages diffusés par des personnalités publiques dans des émissions de radio et des médias sociaux », dénonce l’ONU.
« La “justice populaire” ne viole pas seulement les droits de l’homme, elle risque aussi de conduire à une fragmentation de la capitale en plusieurs petites zones, hostiles les unes aux autres, avec des lignes de fracture entre les quartiers sous l’influence de différents “groupes d’autodéfense” », avertit le rapport onusien.
En outre, compte tenu de la dynamique de ces structures, les « groupes d’autodéfense » risquent de devenir de nouveaux gangs. La normalisation sociale des lynchages par la population compromet également le rôle d’une institution policière déjà grandement affaiblie et qui n’a pas la capacité de rétablir et de maintenir l’ordre public.
Entre avril et juin, 13 policiers ont été tués dans le cadre de violences liées aux gangs, tandis qu’au moins 467 membres de gangs ont été tués. 239 individus suite aux lynchages, 119 aux opérations de police, 96 aux violences entre gangs et 7 aux exécutions extrajudiciaires commises par les commissaires du gouvernement de Les Cayes et de Miragoâne.
Ce projet de contenus a eu le support de l’IFDD/OIF.
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