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Harcèlement sexuel en milieu scolaire en Haïti : le règne de la culture du viol, de l’impunité et de l’omerta

Dans certaines écoles haïtiennes, des élèves sont victimes de harcèlements, voire d’agressions sexuelles de leurs professeurs ou des membres de l’administration. Les femmes et les filles sont les premières victimes de ce phénomène. Dans certains cas, il y a du marchandage sexuel et celles qui n’acceptent pas sont persécutées, voire exclues des établissements scolaires.

Mise en scène d’une journaliste de la salle de rédaction illustrant une élève victime de harcèlement sexuel. © Georges-Harry Rouzier / Enquet’Action (EA).




Texte : Jeff Mackenley GARCON, Emanika Jhovanie Georges et Milo Milfort

Caméra et montage : Djimwood Laporte

Photos : Georges-Harry Rouzier 


Enquête 

 

« Il disait toujours qu’il était un excellent professeur et qu’on ne le mettrait pas à la porte pour une élève quelconque ». Ces paroles résonnent encore dans la tête de celle que l’on appellera Emma Joseph, un nom d’emprunt. A l’âge de 16 ans, elle a été abusée par son professeur d’algèbre, une branche des mathématiques. Elle était en seconde dans une école privée de Carrefour Feuilles, au sud-est de Port-au-Prince. Huit ans après les faits, elle est encore marquée et si elle nous parle aujourd’hui, c’est parce que nous lui avons garanti un total anonymat.

 

Ce professeur, qui avait près de 30 ans à l’époque, a profité de l’innocence d’Emma pour la pousser à être son amante. « Il a utilisé une panoplie de procédés : une attention particulière, de nombreux appels téléphoniques, des visites tardives à la maison. Il insistait sur le fait que j’étais exceptionnelle, intelligente, mature, qu’il était fou amoureux de moi. J’ai été flattée et en même temps, j’avais peur », explique Emma qui reconnaît qu’elle avait fini par accepter d’être sa petite amie.  

 

Une chose entraînant une autre, Emma est tombée enceinte. Elle a dû avorter. Un avortement où elle a failli perdre la vie, nous a-t-elle raconté lors de notre interview.

 

C’est cet épisode d’avortement qui a contraint l’école à renvoyer ce professeur. Sa mère a été mise au courant par la secrétaire de l’école. Aujourd’hui encore, elle reste persuadée que si elle n’avait pas dû avorter, ce professeur enseignerait encore dans cet établissement.

 

En discutant avec quelques-unes de ses camarades de classe, Emma avait compris que ce professeur depuis quatre ans s’en était pris à plusieurs élèves et les avait contraintes à avoir des relations sexuelles avec lui. Son intérêt se portait uniquement sur les mineures des classes de troisième et de seconde. Une fois les filles en classe de rétho ou de philo, il arrêtait son harcèlement.  

Mise en scène d’une journaliste de la salle de rédaction illustrant une élève victime de harcèlement sexuel. © Georges-Harry Rouzier / EA.


Emma est tombée enceinte de son professeur. Elle a dû avorter.

Des écoles transformées en terrains de chasse

 

Le harcèlement sexuel dans certaines écoles rime avec manipulations et pédophilie. Il aboutit à l’exploitation sexuelle des enfants. Ainsi, dans des établissements qui devraient être des centres d’apprentissage et d’épanouissement pour les enfants, des filles et parfois des garçons sont victimes de harcèlement sexuel de la part de professeurs, voire même de directeurs d’écoles.

 

C’est l’avis d’Auguste D’Meza, enseignant depuis plus de trente ans et ancien représentant du ministère de l’Éducation nationale. Il dit être au courant de nombreux cas de harcèlement sexuel qu’il qualifie sans hésiter de violences sexuelles, voire de viols déguisés. « L’une des choses les plus odieuses, c’est quand dans le milieu du corps professoral, vous entendez une phrase du genre : la seule satisfaction que vous avez dans le métier d’enseignant, ce sont les relations sexuelles que vous pouvez avoir avec les élèves parce qu’on ne gagne pas assez d’argent. C’est comme si c’était un phénomène compensatoire ! », s’indigne-t-il.

 

De phénomène compensatoire, Emma et certaines de ses camarades en ont fait les frais. D’un commentaire déplacé à des attouchements, en passant par les menaces, elles ont été les victimes de toutes les attaques. Non seulement l’administration de l’école était au courant, mais le directeur lui-même était de la partie : « Lorsque j’étais en rhéto en 2017, le directeur de l’école faisait la cour à l’une de mes camarades sous les yeux de tout le monde. Mais comme elle a refusé ses avances, il lui a rendu la vie tellement difficile qu’elle a dû quitter l’école ». 

 

Auguste D’Meza y voit une double infraction : d’une part, ces professeurs ne font pas de différence entre majeures et mineures et, d’autre part, ils agissent, dans la plupart des cas, avec la complicité du directeur qui refuse de prendre des sanctions contre eux, voire les encourage si ces professeurs permettent à l’établissement d’avoir de bons résultats en 9ᵉ année fondamentale et au niveau du NS4 (Terminale).

  

L’ancien représentant du ministère de l’Éducation nationale avertit toutefois qu’il ne faut pas tomber dans le piège de la généralisation en pensant que tous les professeurs se livrent à cette pratique, mais ils sont nombreux, trop nombreux, selon le professeur qui plaide pour une tolérance zéro en la matière.  

Le professeur Auguste D'Meza accordant une interview à Enquet'Action. © Milo Milfort / EA


 

Il est cependant difficile d’évaluer clairement l’ampleur du phénomène par manque de données. Selon nos recherches, une seule étude existe jusqu’à présent : celle du Groupe d’Action du sud-est contre le Harcèlement sexuel (GASECHS), qui a mené une enquête en 2015 dans vingt écoles du département du Sud-Est. L’organisation a découvert que 167 élèves sur 297 interrogées ont décidé de quitter leurs écoles à la suite de chantages sexuels de la part de professeurs. 18 d’entre elles ont déclaré qu’un professeur ou le directeur lui-même avait gardé leurs notes ou les avait renvoyées de l’école pour avoir refusé les avances. 13 élèves ont affirmé avoir été forcés d’avoir des rapports sexuels avec le directeur ou un professeur. 


" Comme l'élève a refusé les avances du directeur, il lui a rendu la vie tellement difficile qu’elle a dû quitter l’école ", Emma

De bonnes notes en échange de rapports sexuels

 

Du jour au lendemain, des adolescentes qui souhaitent simplement poursuivre leurs études se retrouvent transformées en objets sexuels. Des lacunes dans leur cursus scolaire amènent des professeurs à profiter de la situation. Emma en fait les frais. « J’avais des lacunes en analyse, une branche des mathématiques, et j’en ai parlé à mon professeur. Il m’a répondu que si je voulais passer l’examen, je pouvais l’obtenir en prenant rendez-vous. Je lui ai demandé : “Tu me le donneras juste comme ça ?”. Il m’a répondu que ce ne serait pas juste comme ça, mais si je le voulais, je pouvais l’obtenir. ». C’est à la suite de ce chantage qu’Emma a dû commencer sa relation avec cet enseignant, avec la fin dramatique que l’on connaît.  

 

Les bonnes notes peuvent donc être obtenues à l’issue de rapports sexuels. En cas de refus, la concernée se verra échouer ou sera persécutée. « Ces cas sont graves puisqu’il s’agit de personnes qui sont engagées pour former ces filles », explique, Berthanie Belony, secrétaire générale de l’organisation féministe Solidarité Fanm Ayisyèn (SOFA). Elle ajoute qu’il est fréquent qu’un professeur envoie une fille au tableau, la regarde et fasse des remarques sexistes sur son corps pour l’intimider. 

Mme Berthanie Belony accordant une interview à Enquet'Action. © Djimwood Laporte / EA


 

Des vies de victimes à tout jamais brisées

 

Certaines victimes que nous avons interviewées sous couvert d’anonymat nous ont confié avoir du mal à s’en remettre. Les avances, les propositions, les commentaires sexistes, les persécutions et même parfois les viols continuent de les hanter, même des années plus tard. « Un jour, mon professeur de trigo m’a appelée et m’a dit que lorsqu’il était dans la salle, il s’imaginait en train de passer sa main sous ma jupe pour me donner du plaisir et qu’il aimait la façon dont mes seins étaient fermes », nous a confié l’une d’entre elles qui nous a déclaré aujourd’hui ne plus faire aucune confiance aux gens de son entourage.

 

Une autre victime nous a affirmé avoir été frappée puis violée par l’un de ses professeurs qui lui avait donné rendez-vous pour une séance particulière en vue de combler ses lacunes. « Je me sentais menacée à chaque fois que je croisais son regard. Je ne me sentais plus en sécurité dans cette école, j’ai dû la quitter. Je hais cet homme encore aujourd’hui », a-t-elle déclaré sur un ton amer.

 

Dans le cas d’Emma Joseph, c’est l’avortement qu’elle a subi qui la hante encore. « C’était horrible. Même si tu le fais en étant adulte, cela laisse des séquelles. Imagine si tu es une enfant de 16 ans », souligne tristement celle qui a été mise enceinte par son professeur de mathématiques. 

 

Si Emma a réussi à reprendre le chemin de l’école, ce n’est pas le cas de plusieurs autres victimes de harcèlement sexuel. Pour des questions d’honneur, certaines sont contraintes par leurs parents à épouser leurs professeurs après être tombées enceintes, selon Berthanie Belony. « Une victime qui n’est pas prête à avoir une relation, qui n’est pas prête physiquement à porter un enfant, qui n’est pas prête aux responsabilités liées à l’enfant et à elle-même, est contrainte d’abandonner l’école, souvent, sous la pression de leurs prédateurs », a fait savoir la secrétaire générale de la SOFA. 

 

" Même si tu avortes en étant adulte, cela laisse des séquelles. Imagine si tu es une enfant de 16 ans ", Emma

Selon Mme Belony, il peut arriver que la victime se sente à bout et nourrisse des pensées suicidaires. « Imaginez une fille qui n’arrive pas à réussir à l’école parce qu’elle n’a pas accepté de coucher avec son professeur. D’un autre côté, sa mère la bat parce qu’elle ne parvient pas à réussir. Vous pouvez imaginer l’impact que cela peut avoir sur son mental. Elle peut finir par se suicider. »



 

Selon le psychologue Pascal Nery Jean-Charles, le harcèlement sexuel peut affecter l’estime de soi de la victime ainsi que son rendement scolaire et ses relations. Dans certains cas, la jeune fille peut devenir anxieuse, voire tomber en dépression. « Il faut que cette personne soit assistée par son entourage. Il y a une tendance à minimiser ce que la victime raconte ou à la culpabiliser, ce qui empire la situation », a-t-il expliqué.


Une tendance à tout banaliser 

 

Les victimes de harcèlement sexuel en milieu scolaire sont, de par leur innocence et leur naïveté, incapables de considérer le phénomène pour ce qu’il est en réalité. Elles peuvent le percevoir comme quelque chose de normal. « Certaines choses se sont produites, mais à l’époque je n’y voyais rien de grave », reconnaît Emma Joseph.   

 

Cette tendance à la banalisation du phénomène se manifeste également lorsque les victimes décident de partager leur expérience. La situation peut même se retourner contre elles et elles peuvent être accusées d’avoir eu des relations sexuelles avec leurs professeurs pour obtenir de bonnes notes. « Après être tombée enceinte de mon professeur, je suis passée de la victime à la coupable », nous a confié Emma.  

  

Le harcèlement sexuel en milieu scolaire peut renforcer la banalisation du viol. C’est en tout cas l’avis de Marie Rosy Auguste Ducéna, responsable de programmes au sein du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH). Selon elle, nous assistons à une déchirure du corps social. « Les abus sexuels en échange d’avantages comme de bonnes notes commencent à l’école. Plus tard, il se pratiquera en milieu professionnel pour obtenir un travail, [une augmentation salariale ou une promotion] ».

 

L’avocate ajoute que, à de nombreuses reprises, diverses organisations féministes ont dénoncé ce phénomène qui détruit la vie des femmes et déjà des filles dans les écoles du pays. 

 

Marie Rosy Auguste Ducéna accuse toutes les institutions de socialisation qui, selon elle, sont responsables de cet environnement « anxiogène » que l’on retrouve dans différentes couches de la société. « Nous pensons que les institutions ne travaillent pas suffisamment pour permettre aux femmes en général de vivre en sécurité en Haïti, à cause d’une banalisation du phénomène du harcèlement sexuel qui commence déjà à l’école », a-t-elle confié.  


" Le harcèlement sexuel en milieu scolaire peut renforcer la banalisation du viol ",  Marie Rosy Auguste Ducéna.

Le professeur Auguste D’Meza abonde dans ce sens. Il considère le harcèlement sexuel comme un viol déguisé ou banalisé. Il accuse ses collègues qui s’adonnent à cette pratique d’exploiteurs sexuels. Il leur rappelle que leurs positions d’enseignants doivent les obliger à être des modèles pour la société.


Une partie de l'interview du professeur Auguste D'Meza. © Djimwood Laporte / EA



Selon le psychologue spécialisé en éducation Pascal Nery Jean-Charles, une autre cause de cette banalisation du harcèlement sexuel dans les écoles serait le processus de socialisation. Pour lui, notre façon de vivre et de la façon dont nous avons grandi, poussent les gens à considérer comme normaux les attouchements non consentis.

 

La culture de l’omerta

 

Le harcèlement sexuel en milieu scolaire est encouragé par une culture de l’omerta, laquelle est quasi totale quand il s’agit d’aborder les cas des garçons victimes de leurs professeur.es. Notre enquête a révélé que beaucoup de personnes étaient au courant du phénomène, mais que peu osaient en parler.


Selon Pascal Nery Jean-Charles, le sujet reste tabou en Haïti. Les écoles ont peur d’aborder le sujet, car cela pourrait avoir des répercussions sur elles, comme faire la une des médias pour leur implication dans un scandale. « Bien que sur les réseaux sociaux, les gens soient plus libres d’en parler, le harcèlement sexuel reste un sujet tabou dans les milieux scolaires », soutient le psychologue spécialisé en Éducation, qui explique que le manque de communication participe à faire perdurer et pérenniser le phénomène, et donc, à faire augmenter le nombre de cas.  

 

En effet, dans la plupart des cas, porter plainte ne sert à rien. La situation d’Emma Joseph en est la preuve. « Toute l’administration était au courant de ce qui se passait à l’école. Il abusait sexuellement des mineures depuis des années. Tout le monde gardait le silence parce qu’il était un bon professeur. Porter plainte n’aurait servi à rien », affirme la victime. Même des parents racontaient sans s’en offusquer que ce professeur avait plusieurs petites amies à l’école.

 

Pourquoi ce refus d’en parler ou de dénoncer ? Le professeur Auguste D’Meza avance comme explication un certain laxisme qui, dans ce cas, vire à la complicité. Il pointe notamment du doigt les responsables d’hôtels qui laissent des élèves en uniforme entrer dans leurs établissements à des heures tardives. « Comment peut-on accepter qu’un hôtel s’installe à l’entrée d’une école ? Il y a tellement de problèmes dans notre société qu’on oublie d’aborder certains sujets clés. »

 

L’enseignant de carrière affirme que les parents ont leur part de responsabilité dans ce règne du silence, tout en reconnaissant que le niveau de pauvreté en est aussi la cause. « Des parents dans la misère ne sont pas assez attentifs aux fréquentations de leurs filles, trop occupés qu’ils sont à lutter pour survivre. Ils ferment les yeux sur les abus qu’elles pourraient subir », reconnaît-il.


Dans la plupart des cas, porter plainte ne sert à rien.

 

Marie Rosy Auguste Ducéna, pour sa part, explique que cette omerta résulte du fait qu’on a tendance à culpabiliser les victimes en les faisant passer pour responsables. « Déjà dans la société en général, on prend l’habitude de demander, quand on parle d’une femme victime, si ce n’est pas elle qui a aguiché son harceleur, si ce n’est pas elle qui a porté des vêtements qu’il ne fallait pas, si ce n’est pas elle qui s’est retrouvée avec lui dans un endroit où elle ne devait pas être », s’est enflammée la défenseure des droits humains.

Mme Marie Rosy Auguste Ducéna accordant une interview à Enquet'Action. © Djimwood Laporte / EA


 

Briser le silence pour en finir

 

Tous les experts contactés dans le cadre de cette enquête ont affirmé qu’encourager la dénonciation était le seul moyen de mettre fin à cette pratique. Emma Joseph, qui a été victime de harcèlement sexuel à l’école, partage cet avis. « Elles doivent dénoncer les agresseurs. Même si rien ne va se passer en portant plainte, il faut les dénoncer sur la place publique. Le moment est venu de donner un visage aux violeurs. La honte doit changer de camp », déclare-t-elle aujourd’hui. Elle rappelle également que ce n’est pas à l’enfant d’avoir honte, mais à l’adulte de prendre conscience qu’il ne devrait pas manipuler un enfant, ni lui offrir de l’argent, ni procéder à des échanges sexuels avec des êtres trop fragiles pour pouvoir refuser.

 

Pascal Nery Jean-Charles, quant à lui, mise sur la sensibilisation. Selon lui, cette sensibilisation permettrait aux victimes de harcèlement de dénoncer, de porter plainte et d’entamer des poursuites judiciaires. « La victime peut ne pas savoir qu’elle est en train de subir un viol. Elle peut avoir une sensation de culpabilité alors que rien n’est de sa faute », explique le psychopédagogue, qui soutient que la sensibilisation devrait faire partie des programmes d’éducation en Haïti.

Pascal Nery Jean-Charles. Photo prise sur sa page Facebook.

 

Dans cette optique de poursuites judiciaires, Marie Rosy Auguste Ducéna souligne que le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) accorde une assistance juridique à des personnes qui dénoncent ce phénomène.

 

« Si des personnes, victimes ou témoins d’abus sexuels commis par des professeurs sur des élèves, sollicitent le RNDDH, naturellement nous réfléchirons au cas et, s’il y a les moyens, nous leur donnerons la possibilité d’introduire leur dossier au niveau de la justice ». Elle rappelle également que le harcèlement sexuel en milieu scolaire est passible de poursuites pénales. « Nous devons arriver à un moment où les autorités judiciaires assument leurs responsabilités. Mais pour y parvenir, il doit y avoir des groupes de pression qui exigent qu’elles assument leurs responsabilités. Le meilleur moyen qu’a un citoyen de mettre la pression sur les autorités judiciaires est de porter plainte », renchérit Mme Ducéna.


Mise en scène d’une journaliste de la salle de rédaction illustrant une élève victime de harcèlement sexuel. © Georges-Harry Rouzier / EA.



Des mesures drastiques…

 

Des acteurs plaident en faveur d’une campagne de sensibilisation. D’autres proposent des formations sur les thèmes liés à la violence sexuelle et la mise en place d’un accompagnement physiologique et psychologique pour les victimes. Si les abus sexuels peuvent être prouvés médicalement, il faudrait qu’il y ait des travailleurs sociaux et des psychologues pour accompagner les victimes et les convaincre d’accepter de dénoncer, soutient Auguste D’Meza. Le professeur de carrière plaide en faveur de la création d’une unité de lutte contre l’exploitation sexuelle au sein du ministère de l’Éducation et de la Formation professionnelle (MENFP).

 

Toutes les institutions doivent s’engager, selon Marie Rosy Auguste Ducéna. Au niveau national comme départemental, les ministères, le rectorat, les directions d’écoles, les églises, etc., devraient reconnaître que ce phénomène existe bel et bien et le proscrire. Pour l’avocate, les agresseurs doivent être traduits en justice. Elle estime que les organisations féminines, la société civile et les activistes des droits de l’homme peuvent y contribuer. « Si le juge les condamne, toute autre personne réfléchira à deux fois avant de commettre les mêmes actes », conclut la défenseure des droits humains.



La sociologue et féministe Kenise Phanord accordant une interview à Enquet'Action sur le harcèlement sexuel en Haïti. © Rosemond Jean Baptiste / EA.



Texte : Jeff Mackenley GARCON, Emanika Jhovanie Georges et Milo Milfort

Caméra et montage : Djimwood Laporte

Photos : Georges-Harry Rouzier 



Cette enquête est produite dans le cadre du projet ‘’Journalisme : Enquêtes,

Reportages et Grands Reportages sur l’éducation en Haïti’’ financé par la

Fondation Connaissance et Liberté (FOKAL) pour le compte du programme Lekòl

Nou.

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