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Haïti Climat, la plateforme de sensibilisation sur les vulnérabilités face au changement climatique

Haïti fait partie des 10 pays les plus vulnérables au monde sans être pour autant un grand producteur de Gaz à Effet de Serre. Alors que le pays subit de plein fouet les conséquences du réchauffement climatique, très peu sont les médias traitant les sujets liés à l’environnement, au développement durable et au changement climatique. Depuis 2018, Haïti Climat propose une autre alternative en s’imposant comme la première plateforme médiatique s’activant à sensibiliser la population face aux menaces environnementales persistantes.



Reportage


Jeudi matin, il est déjà 9 heures. Nous sommes au studio de la Radio Magik9 à Pacot, au cœur de Port-au-Prince. Techniciens et présentateurs sont à pied d’œuvre pour le rendez-vous hebdomadaire baptisé « Haïti Climat ». Cette émission traite des sujets liés à l’environnement, au développement durable et au changement climatique. Défilement de spots, présentation des différentes rubriques, intervention de l’invité du jour… 60 minutes de bonne ambiance faites d’apprentissage se sont écoulées.


Nous laissons le studio pour nous rendre sur la cour de l’institution où Patrick St-Pré, l’initiateur du projet, nous reçoit. Chemise bleue et pantalon noir, il nous raconte l’objectif de l’initiative. « Le travail de Haïti Climat, c’est de sensibiliser les gens… De les faire savoir que la menace du changement climatique est véritablement réelle et que l’on doit prendre les mesures qui s’imposent », soutient M. St-Pré.


Le fondateur de cette plateforme médiatique nous fait savoir que la genèse du projet remonte à sa participation à la conférence des parties (COP21) à Paris en 2015. C’est au cours de cet événement planétaire que Patrick St-Pré a pris connaissance de la question du changement climatique. Trois années plus tard, soit en 2018, il a créé Haïti-Climat.


Haïti-Climat n’est pas seulement une émission radiophonique. C’est aussi une chronique hebdomadaire au quotidien Le Nouvelliste et surtout un média à part entière très présent sur les réseaux sociaux et disposant de sa propre équipe de professionnels.


Depuis sa création, Haïti-Climat s’est engagé dans la lutte pour l’adaptation face au changement climatique. Un devoir, selon St-Pré, cofondateur du média. « Nous militons pour que la population soit au courant du phénomène. Nous faisons la promotion des mesures d’adaptation pour permettre à Haïti en tant que société d’y faire face », expose le responsable.


Selon lui, il y a plus d’un moyen de lutter contre le changement climatique rendant le pays de plus en plus vulnérable. Prenons pour exemple le fait de ne pas dégrader l’environnement. Si on continue de le dégrader, on ne fait qu’ouvrir grandement la porte aux conséquences dévastatrices du changement climatique, informe le journaliste environnemental.


Patrick St-Pré signale que l’une des manifestations du changement climatique est la sécheresse alors que l’agriculture haïtienne dépend quasiment de l’eau de pluie. « L’irrigation peine à faire partie de nos pratiques d’agriculture. On a seulement 10 % de terres irriguées », souligne-t-il.


Haïti-Climat, l’exemple à suivre ?


« Les médias constituent une force. Le changement climatique comme thématique n’est pas pris en compte dans les programmations des médias », regrette Patrick St-Pré.


Les médias peuvent s’impliquer en offrant plus de temps d’antenne pour parler de la thématique et les mettre au cœur des débats. Il plaide pour que les professionnels.lles de la presse haïtienne soient formés en conséquence. « On ne peut pas débattre sur les problèmes liés aux changements climatiques comme s’il s’agissait de l’actualité politique. Les domaines sont différents. Haïti Climat à travers l’ACLEDD fait ce travail », se félicite Patrick St-Pré.


Jacques Desrosiers, secrétaire général de l’Association des Journalistes haïtiens (AJH), abonde dans le même sens. Selon lui, c’est cette absence de formations qui explique la carence de médias et de journalistes traitant les problématiques environnementales.


« La presse haïtienne ne parle pas vraiment de changement climatique. Moins de 10 % des médias abordent la thématique dans leur programmation », regrette celui qui détient un Master en Médias et Climat à l’École Supérieure de Journalisme (ESJ) de Lille.


Jacques Desrosiers fait appel aux responsables des écoles de journalisme et les universités à former des éco professionnels. Ce qui, selon lui, engendra beaucoup plus d’engagements pour faire face aux jours sombres qui s’annoncent.


« Il faut s’attendre à une diminution de pluie et à une augmentation de température d’ici 2030. Et d’ici 2050, les conséquences du changement climatique seront beaucoup plus catastrophiques », prévient le journaliste, soulignant que les médias peuvent s’ériger en lanceur d’alerte.


Pour sa part, Raoul Vital, directeur de l’observatoire national de la qualité de l’environnement et la vulnérabilité au sein du ministère de l’Environnement, voit l’absence d’émissions sur l’environnement comme un manque d’intérêt.


« Au niveau du ministère, nous mettons en place des stratégies pour sensibiliser les journalistes face à ce phénomène afin de mieux le traiter. Nous réalisons des séries de formations pour les journalistes pour les aider à mieux comprendre le changement climatique », explique-t-il.


M.Vital souligne que depuis 2017, le ministère de l’Environnement permet à des journalistes d’assister aux Conférences des Parties (COP).


En attendant de voir ces journalistes et/ou d’autres produire des contenus sur l’environnement, le changement climatique et le développement durable, Haïti-Climat continue de marquer des points. Le média a même été l’un des organisateurs du Sommet international de la Finance de cette année organisé à Port-au-Prince autour du thème : « Financer l’Eco2 Développement : l’économie et l’Écologie. »


Fabiola Fanfan


Ce projet de contenus a eu le support de l’IFDD/OIF.

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