En Haïti, un des impacts majeurs de la crise sanitaire causée par la pandémie Covid-19 est le risque d’augmentation de l’insécurité alimentaire dans un contexte où tous les indicateurs économiques sont au rouge. Les importations sont en baisse substantielle, l’inflation est galopante, la gourde perd de la valeur, les transferts d’argent et de nourriture connaissent une nette « régression » et l’agriculture locale est en lambeau.
Enquête
« La plus grande difficulté à laquelle je fais face depuis l'apparition de la Covid-19, c’est le fait de parfois me réveiller le matin sans avoir de quoi manger. C’est une réalité. Nous ne mangeons plus à notre faim depuis la crise ».
Ce cri d’alarme est lancé par Mégane Jean, 21 ans, étudiante en sciences juridiques dans une université privée de la capitale. Même son timbre de voix semble noué par l’impuissance, la résignation et l’indignation. Se trouver quelque chose à se mettre sous la dent, c’est un minimum vital, rappelle-t-elle.
« Parfois, on mange quelque chose, mais il y a certains jours où nous n’avons d’autres choix que de nous résigner [à ne pas manger à notre faim]. On fait avec ! Nous ne travaillons pas. Nous n’avons plus d’économie. Nous recevons certes de l’argent de nos proches vivant à l’étranger, mais ce n’est pas beaucoup », poursuit Mme Jean qui revient sur son quotidien depuis la crise engendrée par la covid-19.
Le cas de Mégane Jean n’est pas unique comme le mentionne un rapport du Bureau de coordination des affaires humanitaire (OCHA) de l’ONU publié mi-juillet 2020. Pas moins de 4.1 millions de personnes (40% de la population) souffrent d’insécurité alimentaire aigue en Haïti – dont 1.6 million dans le département de l’Ouest, 609 mille dans l’Artibonite et 319 mille dans le Nord.
Selon l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (plus connu sous le sigle anglais FAO), plusieurs facteurs expliquent cette situation. Citons, entre autres, la sécheresse de 2018-2019 qui provoqua une baisse de la production agricole, la dépréciation de la gourde par rapport au dollar, l’inflation annuelle autour de 23% qui mène à la hausse des prix des denrées de base, les troubles socio-politiques dont les épisodes de peyi « lòk » et la dégradation des conditions de sécurité qui ont largement réduit l’accès des ménages les plus pauvres à la nourriture.
« Si rien n’est fait, ça risque d’augmenter davantage : nous sommes très préoccupées par ces données, a alerté en février Dominique Burgeon, directeur des urgences de la FAO en Haïti dans un entretien avec l’agence de nouvelles espagnole EFE. On est dans un enfoncement graduel ». M. Burgeon fait état de personnes qui, n’ayant plus de moyens de subsistance, adoptent un ensemble de stratégies de survie, notamment la vente de biens et d’outils de travail comme les semences.
Et la covid-19 débarque…
Mi-mars 2020, le gouvernement a annoncé la découverte des deux premiers cas de personnes contaminées au coronavirus. Il a aussi présenté un ensemble de mesures pour empêcher la progression de la maladie dans le pays : port du masque, distanciation sociale, réduction des déplacements, fermeture des écoles, universités et lieux de cultes… La période de soudure est du mois de mars au mois de juin. Elle devait marquer la saison agricole du printemps par une relance des activités de production. « Celle-ci risque de se détériorer avec la propagation de la covid-19 », expliquait José Luis Fernandez, représentant de la FAO en Haïti, en avril dernier. Il rappelait lui aussi que dans le pays, bien avant la propagation du nouveau coronavirus, la situation de l’insécurité alimentaire était alarmante.
La sécheresse affecte l’ensemble de la campagne agricole d’Haïti, selon le spécialiste en environnement et développement Anel Dorléan. Ceci se répercute également sur l’économie des villes de province qui dépendent en grande partie de l'agriculture. « Donc les gens qui y vivent se trouvent dans une situation extrêmement difficile où ils risquent de faire face à une crise d’insécurité alimentaire à cause du fait qu’ils n’auront plus suffisamment de quoi se nourrir, raconte le président d’Éco-Vert Haïti à Enquet’Action. Toutes leurs plantations sont détruites par la sécheresse. Aussi, en raison de leur manque de moyens pour s'approvisionner en certains produits et en matières premières.»
Comme après chaque crise, l’augmentation de l’insécurité alimentaire dans le pays est l'un des impacts socio-économiques majeurs. « La faim tue et les masques ne protègent pas de la faim », a fait savoir à Enquet’Action le professeur d’université Auguste D’Meza. Il cherche ainsi à dénoncer le fait qu’aucune mesure pour relancer la production agricole n’a été prise. « En plus des chiffres déjà affolants, il ne faut pas oublier les nourrissons et les enfants en situation de malnutrition ».
Un rapport du Bureau de coordination des affaires humanitaires en Haïti (OCHA) publié le 14 avril prévoyait déjà les conséquences désastreuses d’un confinement en temps de pandémie sans appui à l’agriculture. Il expliquait déjà à l’époque que « le confinement comme mesure de prévention de la propagation du virus devrait encore accroitre l'insécurité alimentaire. » Ces conclusions ont été confirmées récemment dans un nouveau rapport de l’institution internationale.
« L'insécurité alimentaire, déjà à un niveau très élevé, a encore augmenté ces derniers mois en raison des conséquences économiques de la pandémie de COVID-19 », expliquait ce nouveau rapport publié en juin en c
ollaboration avec d’autres agences des Nations unies et partenaires humanitaires.
La réponse actuelle à l'insécurité alimentaire est importante mais reste insuffisante, concède le rapport qui
ajoute :« Si de nouveaux fonds ne sont pas mobilisés cette année, le déficit serait d'environ 60 % pour la réponse alimentaire d'urgence en Haïti »
Tous les indicateurs économiques sont à nouveau au rouge : la dévalorisation de la monnaie locale s’accélère, l’inflation foudroyante, des pertes d’emploi en raison de la quarantaine, les « diminutions » des transferts internationaux. Une situation qui a un impact important sur les conditions de vie de certains groupes de la population, réduisant l’accès des ménages les plus pauvres à la nourriture.
En raison du ralentissement des activités fiscales, de la lenteur dans la fourniture de l’aide étrangère et de la chute de l’économie nationale, la crise sanitaire causée par la Covid-19 va créer une situation extrêmement difficile pour les plus vulnérables du pays, croit aussi Roosevelt Millard, travailleur social et professeur à l’Université d’État d’Haïti. « Notre économie étant déjà mis à nu par le pays « lòk », la situation risque d’être extrêmement difficile avec cette pandémie. Il est vrai que des annonces de relance de l’agriculture ont été faites, mais jusqu’à présent rien de concret n’est encore fait pour cela. Toutefois, avec la limitation de l’importation des produits alimentaires, il y a lieu de nous attendre à une véritable catastrophe dans les jours prochains », déclare-t-il.
Le Dr Eddy Labossière estime de son côté que la baisse des transferts d'argent de la diaspora causée par la Covid-19 aura également un impact sur l’économie d’Haïti. Malgré sa prudence face aux prévisions post Covid-19, on doit s’attendre à un choc pour Haïti car il n’y a aucun autres flux monétaires aussi importants dans l’économie.
« Une baisse des transferts aura un impact sur le pays, car les transferts constituent une bouffée d’oxygène pour notre économie, prévient-il.
Les agents économiques n’auront plus les moyens pour pouvoir consommer. Ce qui signifie qu’il va y avoir une augmentation de la faim et de la misère dans le pays. » M. Labossière prévoit même la possibilité de nouvelles émeutes de la faim.
Auguste D’Meza quant à lui va plus loin dans ses réflexions, car pour lui la baisse des transferts de la diaspora et la situation engendrée par la crise n’auront pas que des impacts économiques sur la population. Puisqu’il y a une grande partie de la population qui dépend essentiellement des transferts de la diaspora, « il existe une deuxième catégorie constituée essentiellement de chômeurs qui ne vivent que de miracles », dit-il. « C’est le plus dur, car plusieurs d’entre eux, à cause de cette situation, feront un pas vers la délinquance juvénile, parce que lorsque cette personne se rendra compte qu’elle ne peut plus compter sur ce soutien qu’elle avait, et que la faim frappe à sa porte, elle n’aura d’autre choix que de se tourner vers le banditisme. »
Les conséquences de cette crise seront donc multiples, à la fois économiques et sociaux. Beaucoup de personnes auront du mal à manger à leur faim, mais ceci pourrait aussi provoquer une augmentation du banditisme dans le pays.
En 2008, Haïti a fait l’expérience des « émeutes de la faim » marquées par de manifestations des rues parfois violentes. Des dizaines de milliers de personnes avaient alors été interpellées par la faim qui tenaillait l’estomac du pays. Douze ans plus tard, des experts et spécialistes font à nouveau état d’une nouvelle révolte possible à la suite de la crise sanitaire causée par la pandémie Covid-19.
Quand confinement et revenu ne font pas bon ménage
Mégane Jean, qui habite avec sa mère, vit aussi très mal la crise causée par la Covid-19. Laquelle crise, selon elle, a mis au ralenti toutes ses activités ainsi que celles de sa mère. Ce qui réduit considérablement le gagne-pain de la maison, malgré le peu d’aide qu’elle et sa mère reçoivent de leurs proches vivant à l’étranger. « C’est vrai qu’on reçoit de l’argent. C’est vrai que les billets une fois convertis en gourdes deviennent nombreux, mais quand on réalise ce qu’on parvient à acheter avec, on se rend compte, en réalité, qu’ils ne représentent rien. Notre pouvoir d’achat a chuté », explique-elle attristée.
Le confinement, en plus des gestes barrières, a été adopté dans de nombreux pays pour lutter contre la propagation de la maladie. Si cela a permis contrôler le virus, elle n’est pas sans conséquence graves dans certains cas, en particulier lorsqu’il n’est pas accompagné, comme en Haïti, par une aide directe aux ménages. Ainsi, plusieurs pays étrangers ont imposé un confinement tout en mettant à la disposition de leur population - et même des entreprises – une aide financière vitale pour compenser l’arrêt quasi-total de toutes leurs activités.
Terrifiés par la Covid-19, un nombre important de gens en Haïti qui travaillaient de manière formelle ou informelle, ou qui étaient déjà chômeurs, ont dû rester chez eux durant les premières semaines de l’annonce du gouvernement, souvent avec très peu à mettre sur la table. Cette décision, parfois jugée hâtive et inadaptée à la réalité du pays, a été dénoncée par certains intellectuels, comme le confirme l’économiste Eddy Labossière.
« L’économie haïtienne est essentiellement informelle, soutient-il. Cela signifie quoi? Quand on fait partie du secteur informel, cela n’est pas assez pour pouvoir se nourrir. Donc, si on reste confiné chez soi, on va mourir de faim. »
Ainsi, indique M. Labossière, il y a une bonne partie de la population qui s’était trouvé face à un dilemme : rester chez eux et mourir affamés ou bien sortir en quête de quoi se nourrir au risque d’attraper la maladie. « Donc, c’est une situation catastrophique pour les ménages qui pour la plupart ne travaillaient pas. De plus, ceux qui travaillaient deviennent chômeurs aussi, malgré le fait qu’ils ont à leur charge plusieurs personnes. Dans ce cas, ils n’ont d’autre choix que de rester chez eux, car c’est la seule façon de combattre le virus ».
L’inadéquation des mesures prises par l’Etat haïtien dans le cadre de la gestion de la crise ne fera qu’’augmenter, rappelle-t-il, le nombre de personnes déjà en insécurité alimentaire si rien n’est fait à cause de la flambée des prix des produits.
La fermeture de toutes les zones franches, sans la concertation avec les syndicats et les patrons, et la fermeture des industries, sans la consultation des gestionnaires, est un autre aspect de la gestion gouvernementale du confinement déploré par l’économiste Camille Chalmers. « En adoptant si hâtivement le confinement, l’Etat haïtien a raté l’occasion d’apprendre des erreurs des autres pays qui l’ont adopté trois mois plus tôt », croit-il.
A l’annonce des premières mesures de confinement, ce n’est pas toute la population qui était touchée, car plusieurs personnes œuvrant dans le secteur informel ont tout de même pris la rue afin de continuer leurs activités commerciales.
« Et lorsqu’il y a ralentissement des activités, il y a aussi un ralentissement de la production des services, ce qui à son tour entraine une baisse de la production nationale et également une réduction du produit intérieur brut. Dès lors, nous allons constater une augmentation de la faim dans le pays », insiste Eddy Labossière. « La crise est totale. Et ma plus grande crainte, c’est que nous ne sommes pas uniquement face à une crise sanitaire, mais également face à une crise économique, financière et aussi sociale ».
Toutefois, malgré le fait qu’il reconnait que le peuple haïtien est résilient, il s’étonne lui aussi qu’une émeute de la faim ne soit pas encore éclatée dans le pays puisque les gens vivent sans revenu et qu'une grande majorité de la population vit dans une situation de pauvreté extrême.
Que faire?
Depuis le début de la crise causée par cette pandémie, le gouvernement a annoncé une allocation de trois mille gourdes à 1.5 millions de personnes dites vulnérables en vue de les aider à faire face à la crise. La compagnie Digicel, responsable d’effectuer ses transferts, confirmait pourtant encore récemment que seulement une fraction de ces gens ont reçus cet argent encore aujourd’hui. Dans les premiers jours du confinement, les autorités ont aussi distribué des kits alimentaires à quelques dizaines de personnes dans la région de Port-au-Prince. Des distributions qui ont d’ailleurs été faites sans aucun respect du principe de distanciation sociale, ont remarqué plusieurs médias de la capitale.
Les autorités ont également approvisionné en produits alimentaires certains restaurants communautaires de diverses communes du département de l’Ouest où se situe Port-au-Prince. Cette opération a été faite, selon le gouvernement, en vue de permettre « aux populations à faibles revenus de continuer à trouver quotidiennement des plats chauds ».
Le Programme alimentaire mondial (PAM) dit lui aussi soutenir la réponse du gouvernement aux mesures de confinement en distribuant de la nourriture et de l'argent à des populations vulnérables. Ces distributions d'urgence ont atteint environ 380 000 personnes au cours de la période d'avril à mai, selon l’institution internationale. Celle-ci se désire accroître encore son aide d'urgence pour atteindre 1,3 million de personnes d’ici un an, selon le rapport de l’OCHA du 26 juin dernier. Plusieurs économistes interviewés par Enquet’Action pensent que même si le gouvernement parvenait à envoyer les trois mille gourdes à toutes les personnes promises, cela n’est finalement que très peu pour résoudre des problèmes si majeurs, en particulier la flambée des prix des produits de première nécessité, principalement les produits importés.
Le travailleur social Roosevelt Millard juge ainsi insuffisante cette décision d’offrir les trois mille gourdes aux citoyens. « Cela ne résoudra pas vraiment les problèmes de la population haïtienne», dit-il, concédant que l’Etat haïtien est en faillite et les gens ne peuvent plus payer leurs taxes. « L’Etat n’a pas vraiment les moyens, car nous sortons tout juste du pays « lòk » qui lui-même a disloqué ce qu’il restait de notre économie, rappelle-t-il. C’est une situation extrêmement difficile. »
Avec la crise sanitaire, beaucoup de choses ont changé à travers le monde et Haïti n’est malheureusement pas épargné. Les impacts de cette dernière n’ont fait qu’augmenter la fragilité du pays. Durant l’adoption du confinement par le gouvernement haïtien, plusieurs secteurs en sont profondément touchés, notamment dans l’emploi et le commerce.
Nos principaux pays exportateurs vers Haïti, principalement la République dominicaine et les États-Unis, ont fermé leurs frontières face à la propagation de la maladie. La diminution des importations subséquentes, dont dépend grandement le pays devrait forcer l’État haïtien à envisager une relance l’agriculture locale, selon plusieurs spécialistes interviewés par Enquet’Action. « C’est l’occasion parfaite pour le gouvernement haïtien de mener des actions dans le but de résoudre les présents problèmes, à savoir la crise sanitaire, mais également de réduire l’importation de quelques produits qui pourraient être fabriqués en Haïti », conseille par exemple le Dr Labossière.
Ce dernier rappelle aussi que le premier rôle que devrait jouer l’Etat en vue de compenser les conséquences de cette crise consisterait à subventionner les propriétaires de plus d’un hectare de terrain, ce qui les encouragerait à faire des productions de cycle court. L’Etat devrait ensuite équiper le Centre national des équipements (CNE) afin de lui faciliter le travail d’irrigation des canaux. De plus, le Dr Labossière suggère d’accorder aux grands propriétaires terriens un crédit-assisté à partir d’une institution bancaire. Et enfin, il propose la mise en place d’un haut dispositif de sécurité des chaines d’approvisionnement.
« Ayons des activités productives, recommande pour sa part, le professeur Auguste D’Meza. Allons vers des jardins familiaux. Encadrons le vrai paysan et non des acheteurs de terrain qui se font appeler paysans. Créons une agriculture montagneuse. Arrêtons de créer un tas d'institutions qui n'ont pas de moyens pour fonctionner. On doit développer une industrie qui est liée à la médecine traditionnelle. Il faudrait qu'il y ait un changement d'orientation au niveau des pouvoirs. Il faut contraindre le secteur privé à agir autrement. ».
L’économiste Camille Chalmers croit même que la chute importante de revenu dans la population oblige à adopter des stratégies de crises qui passent par le changement des modèles de consommation. Selon lui, c’est une occasion opportune d’effectuer des transformations significatives dans la manière d’acheter. En ce moment, tout est planifié dans le secteur de l’alimentation pour qu'une grande partie de ce qu’on consomme provienne de l’étranger alors que le pays dispose d’un potentiel de production alimentaire sous-exploité.
« C’est l’occasion pour qu’il y ait des investissements dans le secteur de manière que l’agriculture haïtienne puisse reprendre au moins partiellement, voire avec des subventions en raison de la chute des revenus dépendant des transferts, dit-il. Il faut permettre aux organisations paysannes d’avoir accès à la terre pour qu’elles puissent travailler. Il faut aménager le circuit de transport pour que les "Madan Sara" puissent cesser de connaître l’enfer tous les jours ».
M. Chalmers croit aussi que c’est le moment opportun de penser aussi à l’agriculture urbaine qui permet de produire des biens alimentaires essentiels en plein cœur des villes. Des mesures non coûteuses mais qui demandent une orientation politique différente. L’Etat actuel a une vision anti-paysanne, même antinationale, selon lui, alors que l’argent investi dans le pays ne sert pas à le structurer, mais plutôt à enrichir des intérêts personnels d’un groupe de familles.
De son côté, la FAO a formulé des recommandations, notamment sur la nécessité de minimiser les interruptions dans les chaînes d’approvisionnement alimentaires et d’assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des plus vulnérables.
L’institution internationale recommande de renforcer les systèmes de protection sociale afin d’atténuer l'impact de la crise sur les catégories les plus vulnérables de la population. Elle préconise aussi d'éviter les mesures affectant le fonctionnement et la traçabilité du marché alimentaire mondial. Et enfin, elle suggère de prendre en compte les mesures nécessaires pour garantir la circulation des travailleurs dans les secteurs clés et de mettre en place des mécanismes efficaces pour garantir la récolte et le transport des aliments. « Il est crucial d'éviter la pratique du stockage excessif des aliments, car beaucoup d'entre eux peuvent entraîner des pertes et gaspillages dans les prochains mois et altérer le flux normal de la consommation des ménages », écrit l’organisation dans une note publiée en avril 2020.
Haïti n’a pas toujours été affamé. La production alimentaire du pays a déjà été autosuffisante dans les années 60. Les causes de la crise actuelle sont profondes. Le sous-financement et le manque d’investissements dans l’agriculture locale pendant de nombreuses années, au profit de l’importation, sont entre autres dûs à la baisse ou l’annulation dans les années 90 de la plupart des tarifs douaniers. Ceci en accord avec la politique néo-libérale que tentait d’implémenter la plupart des grandes puissances internationales en Haïti à l’époque, dont le président des Etats-Unis de l’époque Bill Clinton. Les habitudes alimentaires des gens en Haïti ont d’ailleurs drastiquement changé par la suite. Le dumping de riz américain dans le marché haïtien a d’ailleurs été une erreur, comme l’a lui-même reconnu en 2010 l’ancien résident de la Maison-Blanche.
Il n’y a pas de miracles, explique les économistes et sociologues rejoints pour notre enquête, puisque la réponse conséquente et structurelle de l’Etat haïtien déjà submergé par plusieurs crises se fait encore attendre. Ils suggèrent plutôt à la population, qui pour la plupart vivait déjà en situation d’insécurité alimentaire, de se tourner vers des formes de solidarités familiales et communautaires. Elle pourrait également envisager changer son mode de consommation en raison de l’indisponibilité de certains produits, au profit de l’agriculture locale.
Cet effort d’information sur le Covid-19 durant la crise a obtenu le soutien de FOKAL
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