Aujourd’hui, la lutte, entre autres, contre la pauvreté et la faim, le combat contre l’exclusion sociale et la protection de la biodiversité… tout s’oriente vers la réalisation des Objectifs de Développement durable (ODD). Ces objectifs que le monde doit atteindre en 2030 se retrouvent au cœur d’innombrables débats et discussions. Certains essayent d’être optimistes alors que d’autres restent dubitatifs. Dans le cas d’Haïti, le docteur Maismy-Mary Fleurant se veut catégorique. Le pays s’achemine vers un échec patent.
« Nous avons raté les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). On est en train de rater les Objectifs de Développement durable (ODD) », déclare le professeur Maismy-Mary Fleurant lors d’une interview accordée à Enquet’Action. Le docteur en droit fonde sa position sur le fait qu’il n’y a pas en Haïti un État qui peut penser le développement, construire des objectifs et c’est pour lui, ce qui manque au pays depuis toujours. « Les ODD devraient être insérés dans un plan national de développement, au niveau du plan stratégique de développement », analyse-t-il.
En plus de l’absence d’une vision qui encadre les ODD, Me. Fleurant pense que l’instabilité est l’un des problèmes majeurs entravant tout effort vers l’horizon 2030. « Sans une stabilité institutionnelle, juridique, administrative et surtout politique, l’on ne va nulle part », prévient le professeur, accusant les politiciens de ne jamais permettre au pays d’avoir un environnement stable. Cette instabilité greffée sur la crise de l’insécurité porte le pays dans une précarité sans lendemain, selon Maismy-Mary Fleurant.
« L’un des plus grands défis pour l’environnement, le commerce, les Madan Sara, c’est le défi sécuritaire. Si Haïti ne peut pas, avec ses moyens, faire quelque chose pour résoudre la crise de l’insécurité, l’on ne va nulle part », pense-t-il. Selon le professeur, il faut absolument sortir du cycle de la violence, entrer dans un climat sécuritaire pour faire avancer la machine. Il dénonce le fait que des bandes armées partagent la souveraineté de l’État en contrôlant des pans importants du territoire de la République.
Il faut souligner que Me. Fleurant a déjà prévenu qu’en dehors de cette crise d’instabilité, il y a la crise de l’environnement qui peut faire disparaître le pays. À l’heure actuelle, Haïti combine pauvreté, famine, destruction de l’environnement, exclusion sociale, sécheresse, changement climatique…, problèmes visés par les ODD. Si en dépit de tout, certains continuent à multiplier des discours sur les ODD, maître Fleurant n’y voit pas l’intérêt.
À la question de savoir si dans les sept années à venir, Haïti pourra redresser la barre et accomplir les ODD comme envisagé, le défenseur des droits de l’environnement reste réticent. « Ne parlons pas des ODD. Comme en Haïti on est toujours prêt pour poser notre signature, on a signé. Mais il n’y a eu aucun suivi », a-t-il conclu.
Jean Robert Bazile
Ce projet de contenus a eu le support de l’IFDD/OIF.
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