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PAPJAZZ vert : l’alliance parfaite entre musique et environnement

Si la 17e édition du Festival de jazz de Port-au-Prince a tenu sa promesse en termes de bonne ambiance musicale dans une capitale en proie à la violence extrême, elle a également marqué les esprits en programmant une journée verte. Collecte et tri de déchets, expositions d’articles locaux réalisées à partir de matériaux recyclés ont été, entre autres, au rendez-vous pour la dernière journée de cette grande festivité.




14 heures viennent de sonner. Le grand public se fait encore attendre ici à la place Boyer de Pétion-Ville, près de deux heures après le lancement du PAPJAZZ Vert. L'événement vise à inciter à la protection de l’environnement en Haïti. Des phrases comme « Notre chez nous est notre fierté, maintenons Haïti dans la propreté » ou encore « protégeons la Place Boyer en la gardant propre avec les bons gestes » sont projetées sur un grand écran pour aider à faire passer le message au milieu des décibels provenant des haut-parleurs qui se trouvent de part et d’autre du podium. 


Les autres informations de sensibilisation se trouvent sur les dizaines de poubelles éparpillées dans cet espace public. Chacune est munie de l’inscription « plastique », « biodégradable », « aluminium » ou encore « papier ». L’objectif : guider les personnes présentes à l'événement à mieux trier leurs déchets et leur inciter à devenir écoresponsables. Une mission que l’équipe de Palmis Enèji prend à cœur. Cette entreprise qui se dit engagée dans la protection de l’environnement profite du PAPJAZZ vert pour exposer ses lampes solaires, réchauds à gaz propane et réchauds améliorés, entre autres. 


« Comme entreprise sociale, cet engagement a été pris dès notre création en 2013. Palmis Enèji se rend vers les familles en leur permettant de passer du charbon de bois au propane. Pour ceux et celles qui se trouvent dans les zones reculées, nous leur offrons un réchaud amélioré pour réduire la quantité de charbon de bois utilisé. Histoire de combattre la déforestation », fait savoir Jean Farreau Guerrier, son directeur général rencontré sur place.


Avec leur politique de livraison au dernier kilomètre, Palmis Enèji se vante d’avoir aidé plusieurs familles haïtiennes sur le plan économique. Ce qu’elles ne peuvent pas se permettre en utilisant une lampe à kérosène ou encore une bougie. « Prenons l’exemple d’une lampe solaire que nous offrons à 1 200 gourdes et qui a une durée de vie de deux ans. En faisant une telle acquisition, une famille économise 8 400 gourdes sur année. De 2013 à date, nous avons vendu plus de 10 mille. Ce qui représente une économie de 84 millions de gourdes », argumente M. Guerrier, le visage joyeux. 


À un jet de pierre, Jean Jacques Moléus dit Jakatak J. Bongga est assis devant sa table garnie, téléphone en main attendant les potentiels acheteurs de ses produits fabriqués à partir de calebasse et/ou de bambou.


Collier, sac, pot, plantule… toutes les spécialités de l’artisan sont là. « Le constat est que les ordures constituent un obstacle important pour Haïti. Or, ce qui nous construit comme peuple, c’est la transformation des obstacles en opportunités », affirme-t-il. Jakatak J.Bongga croit qu’il est important de rendre notre environnement propre. C’est pourquoi en lieu et place de tout ce qui peut salir l’espace où nous vivons, nous offrons des produits durables, fabriqués à partir des plantes », souligne M. Moléus, avant de boire dans un bidon en bois qu’il porte autour du cou. 


Un prétexte d’amusement pour le public


Les minutes s’écoulent. Le soleil disparaît peu à peu. Et le public ne fait qu’augmenter. Enfants, jeunes et moins jeunes se rassemblent. Les cris de joie et les rires s’intensifient à mesure que des chansons populaires font leur entrée dans la playlist du Disc Joker du jour. Ce qui provoque également un festival de déhanchements. En attendant de pouvoir assister, sur grand écran, aux performances de JAZZ Lakay Project, de Ruy Lopez Nussa (Cuba) ou encore du groupe Kaï, Stevens, la trentaine, espère profiter pleinement du moment. « C’est l’une des rares occasions que j’ai pour m’amuser dans un pays où le loisir se fait de plus en plus rare », lance-t-il, sourire aux lèvres. 


La joie du pétion-villois est à son comble lorsque Follow Jah, une bande rara se mêle de la partie. La formation musicale traditionnelle allie musique et sensibilisation sur la protection de l’environnement. Les danseurs et danseuses, munis de cartons et de styrofoam, exhibent leurs messages « Pa koupe pye bwa », « Aba bwat manje », « Pa boule fatra », « Pa jete fatra nan lanmè a ». « Que demander de plus ? C’est tout ce qu’il nous fallait. C’est instructif et c’est gratuit. Je suis certain que les gens qui sont là habitent dans les parages. Une telle initiative tombe à plomb considérant la situation sécuritaire et économique du pays », s’exprime Stevens tout en sueur.   


Ce PAPJAZZ vert, une grande première pour le festival international de Jazz de Port-au-Prince, a su donner aux participant.es une occasion de s’offrir du plaisir dans une capitale subissant de plus en plus les assauts des bandes armées prenant la région métropolitaine et certaines villes de province en otage. Pour les exposant.es, la recette n’a pas été au rendez-vous. Le public a préféré la musique. Entre-temps, les organisateurs donnent rendez-vous pour l’année prochaine pour une autre édition de PapJazz haut en couleur.


Jeff Mackenley GARCON

Ce projet de contenus a eu le support de l’IFDD/OIF.


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